Le télétravail est un mode de travail émergent qui permet de travailler hors des murs de l’entreprise. Le SNEFIE FO a recueilli le témoignage d’un agent de la DD* en télétravail un jour par semaine depuis deux ans. Organisation pratique, avantages, idées reçues.
Depuis quand travailles-tu en télétravail ?
Je suis arrivé à la DD* en mars 2017 sur un nouveau poste. Donc je ne connaissais pas vraiment le métier. La condition pour accéder au télétravail était d’avoir un an d’ancienneté sur le poste. J’aurais aimé candidaté plus tôt mais j’ai dû attendre un an. J’ai commencé mi-2018.
Quelles étaient tes motivations pour demander le télétravail ?
Mes motivations sont strictement personnelles. J’habite Blanquefort et je viens travailler à Bordeaux en vélo. Je fais un peu plus de 20 km par jour. Le but c’était de m’éviter un aller – retour par semaine. Un peu de repos physique… et aussi éviter le danger de la route. J’ai de belles frayeurs à vélo certains jours !
Dispose-tu du matériel nécessaire pour travailler chez toi ?
Oui. Mon employeur m’a fourni un ordinateur portable et une station d’accueil pour le bureau. Ça m’évite d’avoir un poste fixe chez moi en plus de mon poste fixe au bureau. Je n’ai qu’à transporter mon portable lorsque je suis en télétravail. Le reste du temps, je le laisse au bureau. J’ai aussi un téléphone portable.
Disposes-tu d’un bureau dédié à ton exercice professionnel chez toi ?
Pas vraiment. Je travaille sur la table du salon.
Comment ont été définies les missions pouvant être effectuées en télétravail ?
Dans le cadre de la procédure mise ne place à la DD*, il faut compléter une fiche de candidature. J’ai vu avec mon supérieur hiérarchique ce que je pouvais faire en télétravail. La réalité, c’est que dans mon cas – je fais un boulot très administratif – je peux faire la très grande majorité de mon travail en télétravail.
Comment organises-tu tes journées de travail lorsque tu es en télétravail ?
Je suis autonome dans mes missions et mon supérieur me fait confiance. Alors je ne lui rends pas vraiment compte de mon organisation au jour le jour. On s’appelle pour faire le point régulièrement mais on n’a pas mis en place de fichier Excel avec la liste de mes activités au jour le jour. Par contre, depuis quelque temps je note ce que je fais car je ne veux pas qu’on dise que lorsque je suis en télétravail je ne fais rien. Mais c’est plus par rapport aux collègues ou aux RH. Souvent, on entend des collègues dire : « Ah, tiens, tu t’es fait un weekend prolongé hier ! ». Alors, je note les appels que je reçois les jours où je suis en télétravail alors que je ne le fais pas quand je suis au bureau ; et je note aussi sur quel type de dossiers j’ai travaillé.
Tu te sens plus obligé de rendre compte de ton travail à tes collègues et aux RH qu’à ton supérieur hiérarchique ?
Oui. Car avec mon supérieur hiérarchique tout se passe bien. Mais pour certains collègues plus éloignés de moi, il peut y avoir de la méconnaissance sur ce que je fais. Alors comme c’est plus facile de se justifier avec des faits, je note ce que je fais. D’ailleurs, c’est un conseil que je donne à mes collègues qui se lancent dans le télétravail.
Une charte du télétravail a été publiée et l’un de ses points est la confiance. Le télétravail ne se fait pas sans confiance.
Je travaille dans un « petit » service, peu connu. Alors je préfère faire les choses de manière « carrée ». Pour parer quelques réflexions de certains collègues…
Y-a-t-il eu des modifications de l’organisation dans ton service avec la mise en place du télétravail ?
Non. Ça a été lisse. On est au moins 6 agents sur 25 à être en télétravail. Le mardi est une journée banalisée dans mon service afin que tout le monde soit présent ce jour. Je travaille régulièrement avec 4 ou 5 collègues, rarement avec toute l’équipe. Se voir une journée par semaine est une bonne chose. Du reste, la mise ne place du télétravail est fluide.
Qu’est-ce que le télétravail a changé dans ta sphère privée/familiale ?
C’est beaucoup plus agréable pour moi car je peux amener mes enfants à l’école le matin. Je les dépose juste avant 8h30 au périscolaire. Et le soir, je suis à l’école en 5 mn à pied. C’est un confort : je gagne une heure de temps que je mets à profit de ma famille. Moins de stress sur la gestion du temps…
Comment se passe ta journée quand tu travailles chez toi ?
Je travaille normalement. Mais je suis plus concentré sur ce que je fais car je ne suis pas dérangé. Alors la journée peut paraître plus monotone. Je travaille plus intensément chez moi. Un autre conseil : il ne faut pas hésiter à faire des pauses…
Est-ce que tu as eu, un jour, besoin d’aide ?
Non. Je suis autonome et plutôt rigoureux. Je vais peut-être demander à avoir un jour supplémentaire en télétravail par semaine en raison des conditions météorologiques. Je viens travailler en vélo et à Bordeaux, l’hiver, il y a du vent et de l’orage. Je ne prendrai pas cette journée supplémentaire toutes les semaines, je la réserverai aux jours où la météo est dangereuse pour circuler à vélo.
Tu as la possibilité de modifier ton jour de télétravail chaque semaine ?
Non pas vraiment. Mais la convention de télétravail stipule que la journée de télétravail peut être modifiée « par accord mutuel » à condition d’être décalée dans la limite hebdomadaire.
Quel bilan dresses-tu de ces deux années de télétravail ?
Un bilan positif. J’ai été vite opérationnel et je peux travailler sur toutes mes missions. Je n’ai pas perdu le contact avec mes collègues car je ne suis absent du bureau qu’une journée par semaine et je peux toujours leur téléphoner. Ce qui est moins agréable, c’est le fait de devoir se justifier…