« Quand on m’a dit qu’on appréciait mon parcours et mes compétences j’ai pensé que ce n’était que des mots »

Ce deuxième témoignage est tout aussi accablant que le premier.

La précarité et les bas salaires imposent des situations de stress au personnel qui n’ont qu’un effet : renforcer le turnover. Si l’on se réfère au bilan social, le taux de turnover paraît acceptable. C’est parce qu’il ne prend en compte que les entrées et des sorties des permanents. Les vacataires ne sont jamais comptabilisés. Or la population des vacataires est nombreuse à l’agence. Ne pas la prendre en compte dans le calcul du turnover permet à la fois d’afficher un taux de turnover plutôt en dessous de celui d’autres administrations et de masquer l’effort permanent reposant essentiellement sur la bonne volonté des « anciens » à former les « nouveaux ». Ou comment les indicateurs permettent de ne pas entacher la sacro-sainte performance dont la direction de l’agence est si fière.

« J’ai eu plusieurs CDD. Actuellement, j’en ai un de moins d’un an qui se termine en même temps que le GIP fin décembre. Et je gagne 1300 € net.

Quand j’ai postulé à l’agence, on m’a expliqué que les vacataires étaient payés au Smic. J’ai pourtant essayé de faire reconnaître mes expériences précédentes auprès de l’agence. Si j’ai été retenu c’est parce que mon profil intéressait mais on me paye comme si j’étais un débutant. C’est frustrant.

J’ai beaucoup réfléchis avant de signer. On me proposait un contrat court avec un salaire bas, ce n’est pas pour donner envie de rester. Quand on m’a dit qu’on appréciait mon parcours et mes compétences j’ai pensé que ce n’était que des mots. Ça m’a démotivé.

Ça m’est arrivé de faire des métiers où j’étais aussi peu payé, mais il n’était pas nécessaire d’avoir des compétences. Or ici, à l’agence, il faut des compétences. Et en plus, il faut un an pour être formé. Je suis d’ailleurs en cours de formation. Si ma situation financière ne change pas, quand je serai formé, mes allocations cesseront et je serai forcé de changer d’emploi. Le travail m’intéresse, ce sont les bas salaires et la précarité du contrat qui posent problème.

Mon loyer est de 500 €. Auquel il faut ajouter les charges fixes qui font vite la totalité de mon salaire ! Avec mon salaire de 1300 €, je fais attention à tout tout le temps. Je ne vais pas au restaurant, j’apporte ma gamelle. J’achète surtout des occasions. J’ai baissé tout ce que je pouvais. Ma vie est simple. Je suis toujours en mode « attention ». Ici, on a des congés, c’est très confortable. Mais je ne peux jamais rien faire. Sans vouloir faire le tour du monde, c’est frustrant de ne jamais pouvoir se faire de petites activités.

Plusieurs collègues ont craqué face aux difficultés qu’ils rencontrent à cause de cette précarité et des bas salaires. Ils sont démotivés car ils doivent gérer des difficultés personnelles liées à leur situation (trouver un logement social, demander des aides sociales, etc.). Moi, je sais que je dois déjà penser à partir de l’agence car je ne tiendrai pas avec ce salaire. Même les plus anciens disent que c’est pesant de travailler comme ça. Ils passent leur temps à former des gens qui partent. Et nous, les nouveaux, on a le sentiment d’être un poids car on est très en demande de formation. Et il n’y a que deux anciens pour sept ou huit nouveaux… Le turnover est épuisant pour les anciens. »

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