La direction de l’Agence Erasmus+ France / Education Formation a pris le tournant du flex office. Ce nouveau mode d’organisation rebattant les cartes de l’organisation du travail et des espaces de travail, le SNEFIE FO s’est opposé à sa mise en place accélérée au mépris d’un dialogue social indispensable.
Le flex office est une organisation du travail « sans bureau fixe » où les salariés ne disposent pas de bureaux propres. Chaque matin, ils s’assoient à un poste libre. Instauré à l’origine pour les populations nomades des entreprises, il devient très populaire dans les années 90 chez les grands cabinets de conseils dont les collaborateurs passent leur temps chez les clients. La nouveauté de l’après crise sanitaire est qu’il s’étend désormais aux fonctions supports.
Ce sont les dirigeants qui ont remis le flex office sur le devant de la scène avant tout pour optimiser les coûts immobiliers. Car l’une des principales conséquences des confinements se situe à la conjonction de deux remarques : la première, c’est que pendant cette période inédite, les salariés ont fait preuve d’autonomie et d’engagement dans le travail à distance ; et la seconde c’est que le coût des espaces professionnels, qui pèse lourd dans le budget, peut être réduit. Même si l’on ne peut qu’adhérer à la première remarque et comprendre l’enjeu budgétaire, il n’en reste pas moins que le flex office questionne et demande une certaine vigilance.
Placer l’humain au cœur de la formule
Les locaux de l’Agence Erasmus+ France sont saturés à peine trois ans après un déménagement coûteux. Comme il est inenvisageable pour la direction de demander des crédits supplémentaires sur ce point, elle opte pour limiter l’occupation des bureaux. Pour Dominique Williatte, secrétaire du SNAC FO qui va participer aux négociations sur le flex office à la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais (Rmn-GP), « il y a un fantasme de la réduction des coûts ». « Il faudra réfléchir au travail avant de faire déplacer des cloisons » ajoute-il. La Rmn-GP mettra fin en mai prochain à un bail de location de locaux où soixante-quatorze salariés travaillent et qu’il faut donc rapatrier au siège. Le seul réaménagement des espaces ne suffira pas pour intégrer ces salariés. C’est en effet l’organisation du travail qui doit être interrogée.
Une analyse très fine des besoins des salariés doit être menée. Celle-ci devra questionner non seulement l’organisation des services mais aussi les activités. Pourquoi un salarié vient-il au bureau ? Et surtout que vient-il y faire ? L’organisation des roulements de présence sur site ne sera pas la même si les salariés viennent au bureau pour travailler seuls à faire baisser la pile de dossiers en cours ou s’ils viennent pour collaborer à un projet collectif. Et l’aménagement des espaces de travail non plus qui devra prévoir plus au moins d’espaces de réunion.
Le management au cœur des questionnements
La crainte des employeurs aujourd’hui est de perdre la main sur des salariés qui n’hésitent plus à partir (ou à ne pas revenir). Si des accords de télétravail ont été conclus rapidement après la levée des confinements, c’est aussi pour satisfaire des salariés qui ne voulaient pas reprendre les transports en commun tous les jours. « Mais il y a un paradoxe, pour Dominique Williatte, on réduit le management. La réorganisation qui a eu lieu à la Rmn-GP a considéré qu’il y avait un besoin moindre en échelon hiérarchique. Un directeur a disparu de l’organigramme. »
La période de travail en distanciel a durablement fragilisé le rôle des managers pendant laquelle leur tâche essentielle durant cette période était de maintenir le lien et de moins diriger… Quand les salariés considérés comme essentiels ont, eux, supporté la charge de travail.
Il est trop tôt aujourd’hui pour connaître les conséquences de la mise en place du télétravail et du flex office sur le management. Mais c’est assurément un dossier qui réserve des surprises.
Négociation collective et réversibilité indispensables
La mise en place du flex office tient pour une grande part de l’effet de mode. Si l’on sait déjà que des entreprises envisagent de rendre leurs locaux plus conviviaux pour motiver les salariés à revenir sur site, il convient de rester prudent : une fois retrouvé, le lien social ne compte plus beaucoup.
Le SNEFIE FO attache une grande importance à l’étude des besoins des agents avant toute mise en œuvre de nouvelles modalités d’organisation du travail, en lien avec les personnels concernés et en concertation avec les instances de représentation syndicale.
Le SNEFIE FO refuse toute forme de décision unilatérale et uniforme et demande l’ouverture de négociations visant à mener une étude par service et par activité. L’instauration du flex office doit comprendre une phase d’expérimentation, ainsi qu’une clause de réversibilité qui soit inscrite dans le processus.
Par ailleurs le SNEFIE FO demande que les accords issus de ces négociations prévoient le caractère non obligatoire du flex office, et donc un bureau fixe pour, à minima :
- Les personnels en situation de handicap ou présentant une affection de longue durée
- Les personnels non éligibles au télétravail
- Les personnels qui ne demandent pas le télétravail
- Les personnels qui ont été limités à une journée de télétravail par semaine,quinzaine ou mois par choix de l’administration
La crise sanitaire a questionné nos vies et le sens que nous leur donnions. Si le télétravail participe à l’amélioration de la qualité de nos vies, cela est moins sûr pour le flex office. La présence d’un effectif adéquat percevant des salaires revalorisés constitue aussi un critère d’évaluation de la qualité de vie au travail.